Si vous ne devez lire qu’un seul ouvrage sur Apple, la façon dont cette entreprise incroyable fonctionne aujourd’hui, comment elle a dépassé Microsoft en valorisation boursière, pourquoi c’est à la fois une colossale startup ET un mammouth figé… Il vous reste à lire l’excellent livre de Adam Lashinsky.

L’auteur a cumulé un grand nombres d’interviews officieuses d’anciens employés, mais aussi de personnes encore en poste, pour essayer de briser la chape de silence qui imprègne la culture de cette entreprise.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la façon dont par exemple Apple a réussi à annuler la plupart des intrigues politiques et des jeux de pouvoir propres à une énorme multinationale :

  • Pas ou peu de mobilité dans les postes. Les meilleurs sont recrutés pour un job précis et y restent. Jonathan Ive est notoirement connu pour son désintérêt et son absence de compétence en finance.
  • Et d’ailleurs pas de culture financière à tous les étages. Très peu de personnes sont concernées par les notions de ROI, d’investissement, de budgets. Tout le monde est par contre concentré sur la nécessité de faire le produit parfait.
  • Tous les services sont cloisonnés et ne communiquent que par l’intermédiaire de quelques responsables clefs. Ce qui a l’intérêt de permettre à chacun de rester focaliser sur une tâche unique.
  • Une mise en responsabilité directe et univoque, avec notamment la notion omniprésente de DRI (Direct Responsible Individual). Une personne et une seule prend la responsabilité finale d’un projet, quel que soit sa taille.
  • Un seul client est réellement présent dans l’esprit de tous les employés : le CEO (Steve Jobs, et maintenant Tim Cook). Son plaisir ou son déplaisir servent d’étude de marché, de mise en priorité ou en sommeil d’un projet, de feu vert pour lancer un produit, etc. Dangereux, mais payant tant que l’on a un génie à la barre.
  • Une pression incroyable dans toute l’organisation, qui lessive le personnel “pour une bonne cause” et qui ne donne pas le temps de faire autre chose que de livrer le maximum de ce qui est attendu.

Pas vraiment un paradis, mais les résultats sont là.

Cet ouvrage très documenté sur une forme de management et d’organisation de l’innovation extrême m’a fait immédiatement pensé à un roman de… disons SF, que je ne peux que vous recommander : Cleer de L. L. Kloetzer.

Quand à la bio “officielle” qui est parue peu avant le décès de Steve Jobs, oubliez là, elle n’est vraiment pas extraordinaire.

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