Pour l’une de mes dernières réunion de travail avant mes prochains jours de congés, j’ai eu comme souvent l’occasion de discuter de la différence entre l’innovation et l’invention, avec l’un des organismes régionaux chargé de promouvoir cette fameuse innovation. Je dois dire que c’est une discussion que j’ai très fréquemment. Mon parti pris est de dire que la plupart des personnes parlant de l’innovation, parlent en réalité d’invention.

Faisons appel au vénérable Littré pour préciser ce point :

Inventer {(in-van-té)v. a.} : Créer quelque chose de nouveau par la force de son esprit.
Innover {(i-nno-vé)v. a.} : Changer par esprit et désir de nouveauté.

Certes le verbe inventer traîne un peu de désuétude… Un je ne sais quoi de concours Lépine qui ne fait pas très sérieux quand on aborde les nouvelles technologies. Il est pourtant celui qui à mon sens caractérise le mieux ce qui est promu dans les réseaux régionaux de l’innovation ou par des organismes comme OSEO : le besoin de valoriser l’industrie par la recherche et le dépôt de brevets opposables à des concurrents étrangers.

Il s’agit bien de créer des objets par la “force de son esprit”. Et dans une moindre mesure des services ou des usages, dans la mesure où ils sont dans le champ d’une nouvelle technologie.

Or je crois que si inventer c’est innover, innover n’est pas (que) inventer. L’innovation relève d’une acception plus large de la nouveauté, qui n’est pas forcément reliée à la technologie et certainement pas à de la propriété intellectuelle. Avec mes clients j’utilise d’ailleurs facilement le raccourci suivant :

Inventer c’est créer des bidules.
Innover c’est changer des business.

Mais surtout je réalise chaque jour à quel point cette différence entre les deux positions, semble bloquer la plupart des entreprises dans un mode de réflexion très étroit en regard de l’innovation. Or l’innovation peut et doit toucher non pas que la R&D, mais aussi et surtout :

  • La gestion des compétences clefs de l’entreprise ;
  • La structuration de partenariats stratégiques ;
  • La construction de la valeur ajoutée de l’entreprise ;
  • L’offre de produits et de services (les inventions se nichent seulement ici) ;
  • Les canaux de communication ;
  • Les méthodes de distribution et de monétisation ;
  • Et bien entendu la segmentation client.

Combien d’entreprises sont capables de raisonner leur innovation sur l’ensemble de ces niveaux ?

Pour aller plus loin (et si vous comprenez un peu l’anglais) voici une vidéo de Nicola EVA à la conférence LIFT expliquant par exemple pourquoi le vidéophone (le bidule) n’a jamais marché, mais pourquoi Skype avec de la communication vidéo via internet a touché un large marché :

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